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Occident

— Dis Papa, c’est encore loin la mer?

— Ne l’entends-tu pas? Ne la sens-tu pas? Elle est toute proche.

— Je suis fatiguée. J’ai de la glace dans les os. Nous marchons.

— Moi aussi, je suis épuisé, j’ai froid et faim. Et nous marchons. Depuis quand marchons-nous? Tous les jours tu demandes: “quand va-t-elle se terminer notre errance?” Et je te réponds: “Bientôt!” Nous y sommes. Aujourd’hui marque la fin du chemin. Je te l’ai promis.

— Ce voyage est absurde. Notre fuite est insensée. Nous n’aurions jamais dû partir. Toute cette horreur n’aurait jamais dû commencer. Tu as manqué de courage. Maman a fait ce qu’il fallait.

— Maman a tenté sa chance d’un autre côté… avec des gens, des amis à elle. Une autre direction, elle voulait voir les montagnes. Chacun son idée.

— C’est faux. Elle t’a laissé une lettre. Ne dis-rien, je l’ai lue en fouillant dans tes affaires. Il y a longtemps déjà que je sais. Tout ce que tu as conservé de personnel: ton portefeuille avec un peu d’argent, qui ne sert plus à rien, une photo de nous trois et la lettre. Tu m’as dit: “il faut marcher jusqu’à la mer.”Nous y sommes. C’est un bon moment pour faire le point, comme tu dis chaque matin. Tu veux bien me lire la lettre de maman?

— J’ai voulu te protéger. Le monde que j’ai construit s’écroule un peu plus. Pourquoi aurais-je gardé cette lettre si je ne voulais pas que tu la lises?

— Je suis en âge de comprendre. J’aimerais que tu lises sa lettre. C’est important, si nous arrivons au bout du voyage, c’est peut-être la dernière chose que je veux entendre, ses mots à elle. J’aimerais l’entendre de ta bouche. On serait réunis tous les trois.

— D’accord, je la lirai, mais plus tard. Pas ici, c’est encore dangereux. Les écumeurs rôdent le long du rivage. Nous devons nous rendre à West-ende, ou bien est-ce Oost-ende, où l’Endymion viendra chercher les gens comme nous.

— Pourquoi est-ce que je fais semblant de croire à tes contes de fées?

— Ne discute pas et passe-moi la boîte de cartouches qui est dans le sac de sport.

— Il n’y a plus de sac de sport. Nous l’avons vidé au camping, il ne restait presque plus de cartouches. Tu m’as dit: “ce sont les dernières” et tu les as chargées dans le fusil. Tu en as encore trois autres dans la poche de ta chemise.

— Il faudra viser juste si nous faisons de mauvaises rencontres. Couchons-nous dans les hautes herbes derrière l’abri de cette dune et observons la plage.

Ils entendaient le ressac des vagues sur le rivage noir, un son lisse, une invitation à glisser sur la pente du rêve, ils captaient les cris des fous de Bassan plus loin, plongeant depuis les falaises de craie blanche vers la mer gonflant ses humeurs sur le rythme d’une basse continue, un appel à partir vers les lointains où tout s’abîme, au pays occidental, au pays du repos. C’était l’appel qu’il avait entendu depuis son premier rêve, le lendemain de l’événement. Un être caché dans la lumière lui avait dit: “Pars avec ta fille vers la mer. Ne désespère pas des étoiles. Un navire viendra qui aura pour nom Endymion. Il vous attendra au Thermae Palace.” Les visions lui tombaient dessus à l’improviste. Certaines étaient fiables, se vérifiaient par la suite sur des détails, d’autres moins ou pas du tout. Que croire? Qui croire? Son cerveau avait été abîmé par l’événement. Parfois il dormait debout, il marchait comme un somnambule. Il n’arriverait peut-être plus à distinguer clairement l’état de veille des visions. Les micro-sommeils devenaient de plus en plus fréquents.

— Papa, je distingue quelque chose.

Mais, à cet instant précis, la fatigue fut plus forte et l’homme au fusil fut saisi d’une apnée. Il plongea abruptement dans le sommeil.

— Ils sont trois, Papa! Je les vois, deux hommes aux épines et un homme-élastique aux bras-fouets. Il tient une laisse où sont attachés des captifs, des enfants pour la plupart, liés les uns aux autres par le cou. Ils ont les pieds dans l’eau, ils semblent attendre quelque chose, tournés vers l’horizon… Tu m’entends Papa? Papa! Ce n’est pas le moment de dormir. Secoue-toi!

— Que dis-tu? Ah, malheur! Ai-je dormi longtemps cette fois-ci?

— Quelques secondes à peine, le temps de te raconter ce que je viens de voir sur le rivage.

— Qu’il est doux de dormir une seconde qui ressemble à l’éternité. C’est peut-être ainsi la mort, la conscience que le réveil nous attend derrière la porte, mais le couloir s’allonge constamment et la porte s’éloigne. J’étais dans une ville, peut-être celle que nous avons quittéeprécipitamment; je volais tête en bas, rigide comme un poisson fumé, je collais mon visage aux passants terrifiés. Puis j’ai volé jusqu’ici. Nous sommes arrivés là où mon premier rêve m’avait appelé, là où nous serons attendus par les envoyés des Valar. Mais j’ai vu un autre navire, un de ces transporteurs géants qui sillonnait les océans avant ta naissance et qui fait commerce de la détresse humaine aujourd’hui. Il va s’annoncer. Il est en route.

— C’est cela qu’ils attendent.

— Qui?

— Les esclavagistes.

— Oui, je les ai vus dans mon rêve. Ceux du bateau enverront une vedette rapide pour embarquer les enfants. J’aurai le temps de tirer cinq coups, pas plus, deux pour chaque homme aux épines, le dernier pour le chef aux bras en forme de lianes, aux doigts qui deviennent des fouets. Puis je me suis réveillé.

— C’est tout? Tes rêves deviennent de plus en plus flous, Papa. On n’ira pas loin avec cinq cartouches.

— La chasse au monstre est ouverte. Tout va bien se passer. Avec un bon fusil, de l’habileté… et une prière.

— Ce n’est pas le moment de faire de l’esprit, Papa!

— Tais-toi! Et tiens-toi prête. Ce que j’ai vu arrive. Maintenant!

Un coup de sirène bref, strident, déchira le ciel gris. Le signal du transporteur. Il y eut une brève éclaircie. Les nuages s’écartèrent et depuis la trouée soudaine trois rais lumineux tombèrent sur la plage, pour un lever de rideau sur le spectacle de la fin de la fin du monde. Le rêveur épaula sa carabine à deux coups, tira sur l’homme élastique qui s’effondra. Les enfants enchaînés s’aplatirent sur le sable. Les hommes aux épines s’agitèrent, hésitant, puis ils se mirent à courir dans la direction de l’homme et de sa fille, tête baissée, pour les transpercer de leurs picots de métal de trente centimètres greffés sur le crâne. Le père rechargea deux autres cartouches et fit feu. Les nuages se refermèrent sur la trouée lumineuse à cet instant précis et les silhouettes des assaillants se fondirent dans le jour gris. Le tireur avait été surpris. Manqué! Il y eut un cri.

Il entendait une clameur poussée par des milliers de poitrines, un appel à l’aide et à la vengeance, la colère d’une foule prisonnière sur une plage étroite et interminablement longue. “Du pain! De la farine! Des médicaments! Pitié pour nos enfants!”. L’appel traversait les âges et les océans, revenait sur lui-même, s’amplifiait à chaque flux et reflux des vagues, appel sans retour, noyé dans la masse des foules encagées, prisonnières du temps et de l’indifférence, enchaînées aux monstres des mers qui déchiraient les pays pour échanger du coton, du café, du soja, du pétrole, des diamants, contre des armes, contre des mines et de la mitraille, des armes qui transformaient les gens ordinaires en hommes aux épines, en missiles de chair et de fer. L’homme au fusil oublia de respirer et plongea derechef dans le sommeil.

— Non!

Tous les hommes adultes du village et les vieillards des deux sexes avaient été rassemblés sur la colline ce jour-là, le jour du miracle. En bas, leurs fermes brûlaient, l’église brûlait, le cimetière avait été profané, les récoltes incendiées, le bétail tué dans les enclos, dans les prairies, jusqu’au dernier chat, jusqu’au dernier chien errant, tous abattus. La colonne infernale des hordeux, des équarisseurs, des lansquenets sans solde, des soldats perdus des guerres perdues ravageait les campagnes, et, malgré les avertissements, le passage de réfugiés de plus en plus nombreux, ces habitants étaient restés chez eux, l’espoir au cœur que la destruction des cités ne les atteindrait pas. Mais la colonne infernale était arrivée et la première chose que firent les meneurs fut de séparer les femmes et les enfants du reste de la communauté. C’était une bonne prise pour les marchands d’esclaves. Les femmes partiraient en captivité sur la longue route d’exils, mauritaniens, guatémaltèques, qataris, californiens, seraient vendues au kilo pour les usines à procréation, elles seraient fourguées dans les containers des navires de la dernière mondialisation qui se nourrissait des ruines et des déchets de l’événement. Quant aux enfants, les plus forts étaient enrôlés dans les troupes, on ne savait rien des autres, ou on ne voulait pas savoir. Les villageois attendaient stoïquement d’être exécutés.

Le prêtre de la communauté entonna un psaume, repris par le chœur des hommes sur la colline:

La mort n’est rien: je suis seulement passé, dans la pièce à côté.

Je suis moi. Vous êtes vous.

Ce que j’étais pour vous, je le suis toujours.

Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné.

Le chef des hordeux, une créature élastique sans sexe ni visage, donna l’ordre de tuer.

— Non!

Ce fut là, cachée dans la forêt en haut de la colline avec son père, que la fille lança son cri pour la première fois, un cri qui n’était pas de ce monde, mais un ordre, bref, prononcé dans une langue inconnue et puissante. D’où venait ce cri, ce fragment d’un langage si ce n’était du monde du rêve qui défiait les lois du temps? Elle aussi avait été happée, transformée par l’événement. Elle avait acquis un pouvoir singulier, éruptif. Qui sait si elle arriverait à le contrôler?

— Papa, réveille-toi! La sphère d’immobilité ne va pas tenir longtemps. Les deux hommes aux épines sont figés pour l’instant. Et il faut encore libérer les enfants.

— Je reviens de loin, d’un pays que nous avons traversé, de gens qui allaient se faire abattre, et puis quelque chose est arrivé. Une bulle est sortie de ta bouche qui a figé hommes, choses, et le temps lui-même dans du gel. Il n’y avait plus que l’iridescence d’une zone où les mouvements s’étaient arrêtés, mais peut-être duraient-ils plus longtemps, imperceptibles à nos yeux, des mois ou des années pour avancer d’un pas peut-être. Mais je n’ai rien senti de l’avenir immédiat, j’étais aveuglé par la barrière du temps gelé.

— Peu importe! Fais vite, utilise tes deux dernières cartouches pour foudroyer les hommes aux épines en tirant à la base du crâne. Je m’occupe des prisonniers. Allons-y!

La “bulle de savon”comme sa fille l’avait familièrement nommée, recouvrait la zone où se tenaient l’homme élastique et la troupe des hordeux, mitrailleuse MG 42 prête à servir pour balayer les villageois et leur curé. Le chœur des hommes vibrait des paroles de l’oraison funèbre pendant que la situation s’était retournée à leur avantage:

La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié.

Elle est ce qu’elle a toujours été.

Le fil n’est pas coupé.

“Un miracle!, c’est un miracle!” hurlait le prêtre. L’homme au fusil connaissait bien les armes, ancien soldat d’une armée qui n’existait plus, “pour la défense de l’Occident”disaient-elles, les têtes parlantesdu monde d’avant, encore un mensonge, une petite musique lancinante qui pénétrait les esprits, les contaminait jusqu’à ce que l’évidence s’impose. Quelle alternative? Il n’y en a pas! Regardez cette vidéo, écoutez cet intellectuel, il est beau, il sait parler aux femmes, admirez notre président, aimez-le! Ce qu’ils diront va vous étonner, vous surprendre. Observez bien le visage hideux de l’ennemi. Il est le mal. Cette petite musique. La dictature de l’instant et des écrans. La politique? La diplomatie? C’est immoral. Il faut y aller! Les mensonges, les sous-entendus, la connivence des assassins en costume. Tout se valait. Il n’y avait plus rien de vrai si ce n’est la minute de la haine. Il aurait dû tourner ses armes contre les têtes parlantes. Au lieu de cela, il avait attendu. Il n’attendrait plus, il ne se laisserait plus jamais faire. L’homme entra dans la bulle de savon qui ne l’affectait pas. Étaient-ils nombreux ceux qui avaient acquis des pouvoirs? Plus nombreux semblaient ceux qui avaient été transformés dans leur chair en créatures vaguement humaines. Il s’approcha de l’homme élastique, s’empara de son arme de poing et lui tira une balle dans la bouche distendue. Il s’empara ensuite de la MG 42 et la retourna contre la troupe des maraudeurs immobilisée jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne debout. Après le carnage il dormit une journée complète. àson réveil, il était persuadé d’avoir rêvé.

Ils entendaient le ressac des vagues sur le rivage noir, un son lisse, une invitation à glisser sur la pente du rêve, ils captaient les cris des fous de Bassan plus loin, plongeant depuis les falaises de craie blanche vers la mer gonflant ses humeurs sur le rythme d’une basse continue, un appel à partir vers les lointains où tout s’abîme, au pays occidental, au pays du repos. C’était l’appel qu’il avait entendu depuis son premier rêve, le lendemain de l’événement. Un être caché dans la lumière lui avait dit: “Pars avec ta fille vers la mer. Ne désespère pas des étoiles. Un navire viendra qui aura pour nom Endymion.”

— Papa, où est le Thermae Palace?

— West-ende, ou Oost-ende, je ne sais pas. Il faut remonter la côte. D’ici nous pouvons voir les falaises blanches du pays qui nous attend, de l’autre côté de la mer. Les envoyés des Valar y regroupent les réfugiés du continent, mais traverser ici est trop dangereux à cause des écumeurs. Le Thermae Palace est protégé. C’est un lieu hors du temps.

— Encore une de tes visions? Les dernières stations balnéaires du monde civilisé vous promettent un ticket vers les étoiles. Quel programme!

— Oui, un aller-simple, pour en finir avec la pluie grise, les villes de quartz, les collines pelées, un pays de plages rouges et blanches avec des villas ouvertes aux vents de l’esprit où des poètes écrivent les fragments d’une épopée sur des banderoles de tissus. Un pays de douces collines sans fumées d’usines où les petites-gens vivent en paix loin des fureurs du continent, loin du Mordor.

— Les enfants nous suivent. Est-ce qu’il y aura de la place pour eux?

— Je ne sais pas, il faudra essayer. Les envoyés sont bienveillants. Quand nous entendrons les notes du prélude en ut dièse mineur de Rachmaninoff jouées au piano, portées par le vent depuis le grand salon du Thermae Palace, nous saurons que nous sommes arrivés. Bientôt, je te le promets.

— Papa! Où es-tu? Reviens!

Il était reparti en rêve. Les cris de désespoir de la population refoulée dans un réduit invivable, coincée entre le désert et le bord de la mer, montaient vers lui depuis un pays lointain, victimes d’une cause oubliée. Et ceux-là, se demandait l’homme au fusil, qui viendra les chercher? Les Valar ont-ils la moindre once de compassion pour ce peuple sacrifié? Il volait au-dessus de cette plage secouée par des explosions, les chars de l’ennemi tirant à bout portant sur des femmes et des vieillards qui tendaient les bras, écrasant les malades et les blessés dans les ruines d’un hôpital. Ce n’est pas juste. Que fait l’Occident?

Le crépuscule était tombé. Les enfants dormaient dans les dunes. Il n’y avait rien à manger ni à boire. L’homme au fusil avait trouvé lerevolver dans la poche ventrale de l’homme élastique. Il restait deux balles.

— Papa, quand vas-tu me lire la lettre de maman?

— Lorsque tu embarqueras sur le vaisseau des Valar, l’Endymion. Il est splendide, une prouesse technologique, un trois-mâts rapide comme les alizés, avec une pile à hydrogène, de l’énergie propre et illimitée. L’hybride parfait.

— Je vois un navire qui se rapproche de la côte et d’une petite ville éclairée. Serions-nous enfin arrivés? Mais je n’entends pas de notes de musique.

— Lorsque nous aurons embarqué il y aura une fête à bord. Il y aura de la musique et des chants. Un buffet à volonté. Des couples qui s’élanceront sur la piste de danse.

Les envoyés des Valar ressemblaient à des fonctionnaires des douanes anglais, l’Endymion à un ferry-boat à moitié rouillé qui faisait la liaison de nuit entre Ostende et York. Ils passaient en revue la colonne des réfugiés qui se pressait sur le quai, les séparant sans ménagement en deux files.

— Pourquoi me séparez-vous de ma fille, dit-il, nous sommes partis depuis longtemps, j’ai entendu l’appel des Valar et nous sommes là.

Les émissaires des puissances supérieures lui répondirent en ricanant qu’il était trop âgé et qu’il devrait attendre le prochain bateau, s’il y en avait un qui se risquerait à une traversée de plus en plus problématique de la mer du Nord.

— Vous nous avez menti, toutes vos belles paroles, alors que notre soif d’idéal ne pouvait s’étancher qu’attirée par les étoiles, les voiles…

— Papa! Lis-moi la fin de la lettre de maman. Je la connais par cœur, lis-moi juste la fin.

— Je la connais aussi par cœur. Ce sont les vers d’un poème. L’instant est cruel, mais nécessaire, je l’ai vu, ne pleure pas pour moi et sois heureuse — tu réaliseras de grands exploits, maîtresse du temps et des orages:

Ce pays-là n’est pas pour les vieillards. Les garçons

Et les filles enlacés, les oiseaux dans les arbres

— Ces générations de la mort — tout à leur chant

— Oui répondit sa fille, et maman ajouta en post-scriptum: “Ton rêve sera plus fort que la mort.

Et c’est pourquoi j’ai traversé les mers pour m’en venir

Jusqu’à la cité sainte de Byzance.” Adieu Papa!

L’Endymion, splendide navire de course, toutes voiles gonflées, s’éloignait du port, la pleine lune l’entourant d’un halo argenté. Il partait pour l’île aux Saints, pour Avalon, l’Islande ou encore pour la lointaine Valinor, le pays des immortels. L’homme au fusil observait la foule des marcheurs extatique, les envoyés souriant, leurs armures étincelantes, leurs capes delphiques. Il prit son envol, droit comme une flèche, tête renversée et suivit le navire.

Sur le pont du ferry les enfants montraient un dauphin qui les accompagnait. Il nagea longtemps.

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