Au début de ce projet, il y a Vincent.

Suite à quelques gros déboires familiaux et professionnels, il se retrouve sans logement.

Lorsque je fais sa connaissance, il dort dans la rue depuis plusieurs mois déjà.

Nous discutons, nous fraternisons.

Dans les jours qui suivent, je l’accompagne.

En journée, il s’installe sur son coin de rue qu’il appelle son « bureau » et il y fait la manche.

Nous sommes là, bien en vue, Vincent sourit.

Pourtant, pas un regard ne se pose sur lui.

C’est comme s’il était invisible.

Ou, pire, comme s’il n’était plus qu’un objet abandonné, encombrant…

Suite à cette expérience, je photographie régulièrement des personnes qui dorment à la rue.

Non pas dans le but de les montrer, eux, mais bien avec l’idée de nous confronter à notre propre regard, totalement déshumanisé.

J’ai donc décidé de pousser ce point de vue à son paroxysme.

Mon point de vue est frontal et aucun visage n’est discernable.

Comme s’ils faisaient partie du décor….

Comme s’il s’agissait d’une commande de photos pour un catalogue de mobilier urbain.