Mais arrête avec ça !
Comment est-ce possible que dans notre société, et partout dans le monde, les femmes soient si peu considérées, quand elles ne sont pas tuées ? Comment se peut-il que nos familles, nos amis, collègues et même nos compagnons de vie ne supportent pas d’entendre le récit d’un viol comme s’ils était plus dur que le viol lui-même ?
Et enfin, comment est-ce possible de ne pas regarder en face qu’une guerre, la plus vieille du monde, celle qui n’a jamais connu la trêve, la plus gourmande d’entre toutes, celle faite aux femmes, n’ait jamais connu de reconnaissance ni de fin ?
Le « Gynocide » est la mère de toutes les guerres.
Un monde gouverné par des hommes ne pouvait pas tourner rond. Pourtant, ils l’ont voulu. Pourquoi les femmes ne se sont-elles pas révoltées ? On les tuait quand elles parlaient mais, après tout, on les tue quand même quand elles se taisent.
On en viole pas mal aussi. On ne nomme jamais ce qu’est un viol au fond. Si on vous réveillait de bon matin, que l’on vous tabassait violemment le visage et le corps, qu’on vous le démolissait, qu’on introduisait violemment un pénis dans votre anus à sang durant des heures, qu’on vous laissait pour mort sur votre lit ou dans la rue, que feriez-vous, messieurs ?
Une petite révolte s’annonce ? Vous la sentez monter, vous qui êtes époux, frère, fils ou/et père d’une femme (ou gamine) qui fera partie des statistiques ? Toutes les femmes ont été au moins une fois violentées d’une manière ou d’une autre par un homme. Toutes. Même celles qui disent non.
Nous avons honte, vous savez. Nous sommes obéissantes au désir de l’homme. Nous vous aimons. Nous voulons secrètement être l’élue. Nous avons tellement été humiliées que nous ne voulons pas faire partie des féministes, ces femmes chiantes qui exagèrent toujours. L’estime de soi, la vraie, nous ne sommes pas nombreuses à l’avoir. Il suffit de voir combien de femmes répondent aux tentatives de séparations et de mise en concurrence entre elles, que nous font les hommes. Et puis, se retrouver seule avec des enfants, c’est dur, économiquement.
Diviser pour mieux régner. Voilà ce que font les hommes pour ne pas avoir toutes les femmes sur le dos. Mais nos filles et nos fils sont plus avertis. Ils ne veulent pas de ce monde théâtral poussiéreux où ça tortille du cul pour plaire, où ça pue le cadavre culturel, que l’éthique n’a jamais pénétré, ni la morale au nom de la sacro-sainte liberté, que leurs aïeuls leur ont concocté. De ces vols de vie, du vol du travail, de la corruption, d’une croissance vers rien, d’une planète asphyxiée et des femmes maltraitées et tuées, ils s’en détournent. Les jeunes, vous savez « les cons », « les incultes », « les trop gâtés », « les bobos », « les idéalistes » ? Mais ce ne sont pas des idéalistes, vous ne le saviez pas ? Vous ne comprenez pas ce qui se joue réellement sans vous ? Ils ne sont pas dans un « idéal », ils ont déjà commencé à bâtir un monde dont vous ne faites pas partie, messieurs. Partout, dans tous les pays et pas seulement à Paris ou à Bruxelles où l’on peut encore les taxer de bobos pour déstabiliser ceux qui seraient tentés de les suivre. Ils savent et lavent notre merde. Ils ne sont pas dans le récit, d’où votre mensonge de « l’idéaliste ». Des plus engagés dans l’action (et non dans votre jeu politique des pouvoirs de millionnaires) aux moins investis (les « débiles de TikTok » que vous méprisez), ils ont déjà commencé à vous dire merde.
J’ai vu monter des appétits génitaux masculins, des mâles allant jusqu’à se comporter comme nos mères durant les années fric, très pétasses et langue de pute vis-à-vis des autres femmes. À l’époque où elles ne comprenaient rien. Aujourd’hui débarrassés de ces comportements crétins, les hommes nous ont remplacées. Jaloux des femmes, ils jouent la pétasserie. Lorsque je les entends parler, je vois le rouge à lèvres et les talons aiguilles qu’ils portent quand ils nous violent, parce qu’ils nous violent tout en réalité. Ils veulent tout, même être nous, car « petit garçon », ça fait longtemps que vous l’êtes, en bons tyrans. Un peu de nuance ? Nuance mon cul. La nuance c’est pour les peintres. La philo c’est le corps. Nous les femmes, qui nous prenons tout dans le corps, sommes les seules philosophes possibles. Les hommes c’est du récit, du bla-bla de salons de vieux fardés.
Le pouvoir c’est donc ça : effacer les femmes et les enfants.
Nous les femmes, nous sommes perdantes, perdantes depuis toujours. Une victoire ? Là est votre incapacité à museler les voix. C’est pour cela que vous nous tuez.
Nous ne nous tairons plus. Plus jamais. Reste à plier, messieurs, à œuvrer ensemble maintenant, hommes et femmes pour nos enfants, pour nous tous.
Remerciements à Elodie Desprès, philosophe, pour l’inspiration et les actions posées à présent.