La rose, la ro(s)se, la ro(us)se et la (g)ros(s)e
Avant que vous n’entamiez ce récit, je voudrais vous préciser qu’il a été relu par une sensitivity reader, ci-après dénommée SR. Les passages ou les mots éliminés par ses bons soins, ainsi que ses rares interventions spontanées dans le corps du texte (pour manifester, il faut bien le dire, son mécontentement), apparaitront en italique, et seront accompagnés d’un chiffre romain entre crochets. Ces chiffres correspondent à des commentaires qui seront à découvrir à la fin de ce texte, en guise de chute libre. Libre à vous de les lire ou pas. Pour ma part, je pense qu’ils méritent d’être lus, dans la mesure où ils donnent à entendre une voix féminine. J’ai hésité à intégrer systématiquement ces commentaires au fil du texte, ou dans un système de notes infrapaginales, mais cela risquait de confondre la personne qui lit, voire de l’orienter dans un chemin de lecture moralisante peut-être erratique, en plus de la distraire par une complexité sémiographique contreproductive.
Je commencerai par vous dire que la SR, dont le nom sera divulgué ultérieurement, m’avait été chaudement [I] recommandée par mon éditeur, vu le raffut sans précédent autour de mon dernier ouvrage. Cela implique que, si vous cherchiez à la lecture quelque propos polémique, dans la même veine que ceux issus (la plupart du temps sans remise en contexte aucun) de mon précédent triomphe éditorial, vous vous trompez, au mieux d’auteur, au pire de texte.
Sachez que je n’étais pas préparé au succès, encore moins à ce que son arrivée soit concomitante d’un tel scandale. Disons-le clairement: que l’on parle de moi comme d’un auteur à succès, au parfum de scandale, m’a refroidi. D’où cette décennie interminable pour la littérature sans nouveau best-seller de ma part. J’ai dû me familiariser avec un changement de vie brutal. Apprendre à fuir les médias qui m’avaient dressé le tapis rouge. M’habituer à un nouveau château austère. Vivre étranger à toute forme de menaces de mort. Être prêt pour mourir à la dernière minute. Sur le fil. Enfin prendre le temps de comprendre les motifs d’agir des gens qui ont voulu ma peau; c’est vous dire comme le succès à scandale change un homme.
Mon curriculum vitae ne m’oblige pas à vous jurer (sur un honneur dont je suis de toute façon à jamais déchu) qu’avant la publication de ces lignes, aucun de mes écrits n’a transité dans les mains d’un service de consultance en écriture. Ce serait culotté d’affirmer que la pièce litigieuse dont il a été question supra aurait été avalisée par une détectrice de propos non lisses.
Je ressens le besoin de me livrer aujourd’hui, aussi apprendrez-vous que je suis une personne superstitieuse, non dépourvue de cette prudence qui interdit la soumission d’un texte à lire, pour la première fois, à quelqu’un d’autre qu’à un éditeur. Alors pourquoi ce choix contre-intuitif d’accepter le recours à une conseillère en prévention, garante de la bonne hygiène des rapports entre l’encre et le papier?
Tout simplement, parce que je n’ai pas eu le choix. C’était la lectrice en sensibilité ou le retour vers l’anonymat le plus total et la promesse de non-publication à vie dans la maison d’édition qui m’avait vu naitre comme auteur, gagner ma vie comme polémiste, et mourir comme homme intègre. J’ai fini par accepter de me “faire suivre” par une “détective”, traquant le moindre de mes “faux pas littéraires” m’écartant de “l’authenticité”. Ça me fait bien marrer ce diktat de l’authenticité, qu’on croirait tout droit sorti de la bouche de Gérard Depardieu dans Jean de Florette: “Je ne m’intéresse plus qu’à ce qui est vrai, sincère, pur, large, en un seul mot, l’authentique, et je suis venu ici pour cultiver l’authentique” [II].
On voulait s’assurer, du côté du comité éditorial, que je ne “froisserais” plus personne. Tous mes efforts pour devenir un auteur plus lisse n’ont hélas pas suffi. J’avais pourtant réussi le plus pénible. J’étais parvenu à changer d’univers de travail, pour générer un type d’inspiration plus propre. J’avais déserté mon bureau pour écrire dans la buanderie, renouant avec ma planche à repasser, sur laquelle j’avais d’ailleurs rédigé, il y a plus de quarante ans, les meilleurs passages de ma thèse de doctorat, par indigence à l’époque. Ma mère voulait m’offrir pour mes vingt-cinq ans une table, mais celles que j’aimais, en bois massif, étaient hors de prix. L’idée lui était venue de se rabattre sur une “table” rabattable, elle aussi. Une planche à repasser me servirait toute ma vie. Je n’en verrais pas la fin. Comme les planches de mon futur cercueil.
Je repasse donc maintenant sur mes propres textes, comme on repasse sa chemise. “Hâtez-vous lentement; et, sans perdre courage, / Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage”, disait Boileau. Un fer à la pointe me permet d’évoluer dans tous les types de textes sans choquer personne, pour que le monde puisse se parer de vies à choix multiples sous une plume écoresponsable. Tous les tissus délicats, toutes les textures touchy sont maintenant mes terrains de jeux préférés. Je ne me brûle jamais ni ne brûle aucun de mes textes-vêtements. Les faux plis disparaissent. L’effet pressing procure de la puissance. C’est facile à mettre en place. Au bout de deux ou trois séances d’écriture à repasser, on arrive à un défroissage naturel, même après une montée en température rapide, dans les transes de l’inspiration. Je suis désormais capable de brosser à chaud tous les tissus, dans le sens du poil, de la soie au coton, en passant par les torchons dont j’avais fait dernièrement ma marque de fabrique. Pour l’anecdote, je repasse en sous-vêtements mes sous-textes. Je me suis juré de ne plus choquer mon prochain. Tenez, je repasse même des vêtements fabriqués dans des pays pauvres (dans des contextes que j’aime autant ne pas connaitre), sans craindre de devoir enquêter sur ces pays ou sur leurs pratiques.[III] Mon système de repassage fonctionne à la perfection et n’ignore rien des dresscodes littéraires de l’appropriation culturelle.
Seulement voilà: il ne plait pas à tout le monde. Il ne “convainc pas” mon éditeur. En tout cas pour le moment. Je lui ai parlé de mon prochain projet, “La rose, la ro(s)se, la ro(us)se, et la (g)ros(s)e”. Sans m’en demander une seule ligne, il m’a répondu: “J’ai l’impression qu’on court à la catastrophe positive… De nouveau… Et ce, malgré les précautions que vous dites prendre pour ne plus faire de mal à personne. Essayez ce dont je vous ai parlé [IV]. La sensitivity reader est formidable. Vous m’en direz des nouvelles [V]. Et ce n’est ni de la censure, ni de l’autocensure. Je vous suggère de vous faire suivre par cette femme. À prendre ou à laisser [VI].”
J’ai dû dépasser un écueil solide. Je n’ai jamais supporté l’expression “se faire suivre”, que celle-ci soit associée à une experte en écriture, à un psy, ou à un chauffard dans des virages en lacets doublement bouclés. Si je peux me permettre une observation, la circulation de ce double infinitif teinté de prémisses réflexives — “se faire suivre” — élimine chaque année des dizaines de milliers de paranos des files d’attente pour un “suivi” psychologique. Nous détestons être suivis, au propre comme au figuré. Bilan des courses aux allures de paradoxe: nous ne sommes jamais suivis. Et nous croyons qu’il y a toujours quelqu’un derrière nous. Je préférerais me faire “poursuivre” psychologiquement, même si je sais la formule sans précédent, et donc, sans avenir. J’ai d’ailleurs géré avec beaucoup de fortune les “poursuites judiciaires” nées de ma précédente publication; je pense que vous le savez. Je sais qu’à chaque circonvolution, je perds un lecteur, et je gagne une lectrice, donc je vais essayer d’aller droit au but premier de ce texte. Vous raconter ce qui m’est arrivé avec ma SR [VII]. Attention, vous êtes prêts? Je vous préviens, accrochez-vous. Je m’apprête à envoyer du lourd. Malgré ma déclaration d’intention initiale.
Peut-être un tout dernier détail avant d’en venir au fait. Ma femme avait demandé, actant ma mauvaise gestion du succès et le désastre dans lequel allait nous précipiter mon incurie, à être reconnue comme aidant-proche pour s’occuper de mon cas nuit et jour. Et si je vous disais qu’hier, le jour où elle obtenait enfin cette reconnaissance, après dix ans de lutte, le Procureur du Roi prononçait à son endroit une mesure d’éloignement urgente et immédiate, avec interdiction de m’approcher? Cette mesure valable pour 10 jours m’a transporté dans un monde magique où tout est redevenu possible. Je savoure mon geste et en saisis la portée définitive pour mon couple. Une mesure d’éloignement contre mon aidant-proche: ma femme. [VIII]
Nous voici donc au seuil de ce récit. Tout d’abord, apprenez que je n’ai pas changé. Entendez, mon dernier succès ne m’a pas changé. Je m’appelle toujours Adonis Grenade. Là, vous me suivez. Vous êtes dans ma peau. Et aujourd’hui, je me rends à mon premier rendez-vous virtuel, avec la principale intéressée de cette histoire. Je possède pour seule information quant à ma future assistante une adresse mail qui se mord la queue, comme le serpent monétaire arrobase: hotmail@hotmail.com [IX]. Et j’ai un mal de crâne pas possible à cause d’une “Chanson à boire” de Nicolas Boileau qui m’a donné soif hier, alors que j’étais parti pour fêter dans les joies solitaires de l’écriture le départ provisoire de ma femme [X]. “On est savant quand on boit bien. Qui ne sait boire ne sait rien”. Au réveil, ce sont d’autres vers à Boileau qui me rongent la cervelle. Je vais enfin découvrir ma promise et je relis L’Art poétique (1674) pour dégriser. “Faites choix d’un censeur solide et salutaire/Que la raison conduise et le savoir éclaire,/Et dont le crayon sûr d’abord aille chercher/L’endroit que l’on sent faible et qu’on se veut cacher”. J’ignore pourquoi, mais depuis que je suis placé sous contrainte éditoriale, je me représente ma SR comme la version femelle [XI] de Boileau, homme capable des pires folies, notamment de chanter le vin malgré un nom qui n’appelait pas ce genre de placement de produit divin. Et ma lectrice de sensibilité, quelles sont ses inclinations naturelles? Que va-t-elle me réserver comme surprise? Sera-t-elle girlcottée un jour si je publie une nouvelle crasse? En un clic, je vais la découvrir. La maitresse qui aurait bypassé Boileau dans les listings de mon éditeur si le classique avait survécu à notre époque et s’il avait été disponible, lui aussi, dans les meilleures librairies [XII]. J’essaie de chasser la gueule de Boileau de mon cerveau, en tout cas ce portrait qu’en a fait Jean-Baptiste Santerre, qui trône au-dessus de mon lit, et que ma femme n’a jamais su encadrer. Le moment est historique. Je vais découvrir ma guide en écriture. Ma coach en syntaxe. Ma muse en ponctuation. Ma figure de style. Celle qui va m’apprendre à ne plus choquer les minorités et donc à toucher encore plus de monde. Ça, j’aime.
La visioconférence va commencer. Je me regarde dans le miroir. Je ressemble encore moins à quelque chose que d’habitude. Jamais aussi mal porté ce pseudonyme d’Adonis Grenade qu’aujourd’hui. Je suis dégueu. [Note de la SR: “Je confirme…”]. Excusez-moi, mais c’est comme ça. Je n’ai pas une gueule projetable, ni sur Times, ni sur du papier. Quelle horreur. C’est juste pas permis d’avoir une sale gueule pareille. Bon Dieu que je me déteste. Bon Dieu comme je comprends les gens qui commettent un parricide sur le tard. Il devrait y avoir prescription, après cinq secondes de préméditation, pour tous ces actes [XIII]. Je suis trop gêné de ma tronche. Pourtant, va falloir faire avec et donner le change. J’ai encore une minute pour me faire un film. Et si ma lectrice sensible m’offrait le contraire de la censure de Boileau? Balance ton théoricien de la littérature [XIV]. Je me fais un plan sur la comète. Une apologiste fragile et préjudiciable, que l’émotion abandonne et la bêtise assombrisse, et dont la mine incertaine, in fine, n’irait pas fuir les non-lieux que l’on sent forts et que l’on veut afficher.
Je la découvre en même temps que vous. Je pense que je vais me tourner vers des œuvres aseptisées. Elle a réussi son coup. Je n’ai plus envie d’écrire. Je n’ai plus envie de lire non plus. Encore moins d’être lu. Je veux la rejoindre. On me l’a vendue comme un filtre entre mes livres et les lecteurs. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de partager son filtre. M’exfiltrer en elle [XV]. J’avais cherché un truc pour la piéger: j’allais lui dire que j’avais terminé un roman sur une SRSM et que ce n’était qu’à ce titre que je sollicitais sa relecture, mais en la voyant, je renonce à faire de l’esprit. Je m’auto-cancel parce que je sais que ça ne la fera pas rigoler. Mes blagues sont nulles. Ma psychologue de femme me l’a assez répété [XVI]. Pourquoi toujours vouloir faire de l’humour, Thierry? Qu’est-ce que ça cache? Quel est ton projet au juste?
La voilà. Elle répond à un nom qui évoque tout sauf la correction de textes. Un nom qui synthétise l’entièreté de mes fantasmes sur cette terre. Ce nom, il fallait qu’elle le portât: Esmeralda [XVII].
Je me décide à lui montrer tout ce qu’il est permis à un auteur de montrer à une SR sans être poursuivi pour harcèlement: les feuilles que vous lisez. Je lui ai juste caché neuf mots. Ce sont ceux qui composent le titre que vous avez lu il y a maintenant quelques minutes. Les malins parmi vous [XVIII] auront tôt fait de me dire que je vais droit dans le mur poreux de mon texte et que cela confine à l’aporie [XIX]. Que je dessine d’entrée de jeu les plans d’un texte mal architecturé. En effet, si elle a tout lu sauf mon titre en neuf mots, cela signifie qu’elle a lu ce que vous lisez maintenant… Elle ne peut pas laisser faire ça. Elle n’a pas pu laisser écrire ça. Dans l’hypothèse où elle a effectivement parcouru les lignes qui sont maintenant les vôtres, elle est à même d’imaginer un titre, potentiellement polémique, qui composera ce texte en parcourant la suite de cette terrible histoire.
Je vous invite donc à vous focaliser sur ce texte, avec des yeux de SR, cherchant à valider sa conformité à tous les sujets de ce monde. Vous verrez, ce n’est pas si compliqué. Les yeux d’Esmeralda ne m’ont corrigé que peu de fois, sur le papier, mais son regard en disait long sur tout ce qu’elle aurait supprimé, si ça n’avait tenu qu’à elle. Je garde d’elle cet œil critique sur les productions des autres depuis notre collaboration [XX].
Venons-en au fait littéraire. Je vais finalement en décevoir beaucoup, mais la grosse ne désigne pas dans l’histoire ci-dessous (ou plutôt ci-dessus: l’essentiel ne se trouve-t-il pas, chez tout bon parano, derrière soi?) une personne présentant un problème de surpoids. Il s’agit d’un reste du temps où les copies exécutoires émanant des études notariales se rédigeaient en grosses lettres. Je corrige donc votre vision fantasmée de mon récit. Le seul personnage féminin (je n’ai jamais considéré ma femme comme un personnage) de cette histoire mesure plus ou moins 1m75, est native de Dakar, et est une personne élancée. Elle s’appelle Esmeralda. 38 ans. La dernière fois que j’ai eu des nouvelles d’elle, c’était au téléphone, il y a dix minutes. Quand nous avons raccroché, elle pleurait. S’était-elle déjà attachée à mon texte? No comment. Au fond, je n’ai pas vraiment envie de parler de ça.
La rousse n’est pas une personne ayant été plus que probablement stigmatisée au moins une fois au cours de son existence à cause de sa couleur de cheveux, parfois associée au diable. La rousse désigne ici la femelle du rotangle. Mon histoire se passe au bord de la Haine et la canne à pêche y joue un rôle important, tant pour le fil de l’argument qui est aussi tendu qu’un bas nylon, que pour le dénouement. Je n’en dis pas davantage pour ne pas casser le suspense.
La rosse, ici, n’est rien d’autre qu’un mauvais cheval.
La rose, pour sa part, dans un monde de fictions idéales, ne pique pas, de façon à ne blesser personne. Puisse Saint-Exupéry s’en souvenir, là où il est.
À suivre…
Commentaires de la SR:
Adonis Grenade,
Voici mes remarques concernant votre texte.
S’agissant de votre emploi de l’adverbe chaudement [I], sachez qu’il n’est plus au goût du jour. Porteur d’un sous-entendu sexuel, il est à proscrire…Comme toute mention de Gérard Depardieu! [II] Vous ne suivez donc pas l’actualité? Vos lectrices bien…Je peux vous suggérer, si vraiment vous voulez briller par une citation, de vous en remettre au texte source de Marcel Pagnol, j’ai nommé L’eau des collines, mais dans ce cas, il convient de postposer la publication de votre texte (étant donné les nombreuses années stériles dans votre cv littéraire, je pense que ça n’est pas un problème pour vous…). Pourquoi devez-vous, à mon sens, différer la parution de votre texte si vous y citez Pagnol? Eh bien, parce que le château de sa mère à Marseille fait actuellement l’objet d’une polémique… Il convient d’être prudent, si vous ne souhaitez pas que l’histoire se répète.
S’agissant du point [III], la représentation d’un homme blanc âgé en train de repasser en sous-vêtements risque de desservir la nouvelle image de vous que vous prétendez donner à votre lectorat. Songez un peu à vos lectrices, s’il vous plait. Nous n’avons pas envie de lire ça… La légèreté avec laquelle vous osez évoquer votre indifférence par rapport au prêt-à-porter d’ici fabriqué dans les pays pauvres est alarmante.
Les points [IV] et [V] m’ont amenée à mettre fin à ma mission auprès de votre éditeur après le présent contrat. Je n’apprécie pas que l’on parle de moi comme d’un objet à “essayer”. L’expression “vous m’en direz des nouvelles” est associée à la gastronomie, il me semble. Je n’apprécie pas d’être reléguée au rang de produit à consommer. L’ellipse de la forme verbale “C’est” dans “À prendre ou à laisser” créé une confusion autour de l’antécédent qui n’est pas sans rappeler vos propres antécédents en la matière… En tout état de cause, si c’est la proposition qui est à prendre ou à laisser, passe encore. Mais si c’est moi qui suis “à prendre ou à laisser”, alors c’est extrêmement grave [VI]… Je ne trouve aucune grâce, mais alors là aucune, au passage sur le filtre, qui confine à la vulgarité [XIV]. Je vous rassure tout de suite: le fait que vous pensiez vous “refaire” un lectorat féminin avec votre prochain carton éditorial annoncé, si j’en crois vos interviews récentes,[VII] constitue une vue de votre esprit. Vous devriez, Adonis Grenade [XVI] davantage écouter les femmes…à commencer par la vôtre. La pauvre. Vous ne risquez pas d’être victime d’un déficit d’image en termes de haute image de soi et de prétention infondée, ça, c’est sûr! Vous dédiez vos lignes les plus immondes à votre femme [VIII]. Quelle ingratitude! Ce passage doit être supprimé! C’est scandaleux! Comment osez-vous? Vous me dégoutez profondément. Si vous persistez, vous transformerez cette minorité qui peine à se faire reconnaitre que sont les aidants proches en ayants droit à vous détester.
En aucun cas, je n’autorise que mon adresse mail professionnelle [IX], hotmail@hotmail.com, figure dans un de vos manuscrits. Idem pour mon nom que je ne vous autorise pas à emprunter [XVII]. Je n’ai pas envie d’être sollicitée par votre lectorat macho. À part moi, si une femme vous lit encore sur cette terre, qu’elle prenne contact avec moi, pour me prouver son existence. De toute façon, le comble de l’ignominie machiste dans votre texte [X]— “alors que j’étais parti pour fêter dans les joies solitaires de l’écriture le départ provisoire de ma femme” me fait dire que vous signez ici votre arrêt de mort comme écrivain. Vos lectrices vous feront payer vos sarcasmes…
Je constate en outre, et c’est loin d’être un détail, qu’une fois encore, la parité dans les citations (des travaux scientifiques et des romans) n’est clairement pas respectée [XI]; c’est d’autant plus violent que la reprise de Boileau est précédée des mots “version femelle”, également attaquables pour sexisme. Vous êtes-vous déjà renseigné sur ce qui était arrivé à Boileau? L’histoire du dindon émoustillerait les lectrices d’aujourd’hui…. Le recours au terme “femelle” porte la marque dégradante et excluante de celui qui n’écrit que pour les “malins”. Quid des malignes? [XVIII]
La suite de vos propos dérangeants [XII] mériterait d’être passée sous silence, tant elle est puérile. La justification du parricide [XIII] vous vaudra à tous les coups un nouveau procès sur le dos. Le mouvement “balance ton” [XIV] ne se prête pas à rire.
Enfin, je dois bien admettre que je ne comprends rien à votre délire [XIX], à tel point que [XX] j’arrête la lecture, et cesse sur le champ toute forme de collaboration avec vous. Je ne souhaite pas être associée à ce texte. Trop, c’est trop. Au final, j’ai comme l’impression que vous vous foutez de ma g…Oui, moi aussi, il m’arrive de craquer…
Esmeralda.