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La nécessaire éducation aux médias

Référons-nous à Wikipedia pour bien comprendre. “Un piège à clics, appelé vulgairement pute à clics, ou putaclic, est un contenu web destiné exclusivement à attirer le maximum de passages d’internautes afin de générer des revenus publicitaires en ligne, au mépris de toute autre considération (…) Pour ce faire, il s’appuie sur un titre racoleur, voire mensonger, et sur des éléments sensationnels ou émotionnels au détriment de la qualité ou de l’exactitude.”

Exemple: “la septième photo va vous faire peur”. Ou: “vous ne croirez jamais ce qui est arrivé à cette mère de famille”. 

Malheureusement, on pourrait toutes et tous multiplier les exemples tant les internautes sont confrontés, désormais, à ce genre de sollicitation.

Mais pour un “putaclic”, il faut qu’il y ait… une pute (désolé de la vulgarité) et un clic. Autrement dit qu’il y ait un média putassier qui propose à ses internautes ce genre de contenus, mais il faut que l’internaute, aussi, décide de cliquer… 

Comme disait Coluche dans les années” 80, avant Internet, “quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent de les acheter pour que ça ne se vende plus”.

Rédacteur en chef du Soir depuis plus de 10 ans, je ne crois pas que le monde soit totalement caricatural, avec d’un côté des médias putassiers prêts à tout pour faire du clic et de l’autre une foule sentimentale qui a soif d’idéal, dixit Souchon, et qui ne demande que des analyses, des textes fouillés et de l’info de qualité. La réalité, sans doute, est bien plus nuancée. 

Mais ce dont je suis sûr, à ce propos, c’est que l’éducation aux médias est un maillon faible de notre enseignement. Et l’éducation au monde numérique plus globalement, d’ailleurs. Alors qu’elles sont toutes deux indispensables dans nos sociétés où notre smartphone est devenu une prolongation de nous-mêmes et où les “fake news”, construites par bêtise ou pas volonté de manipulation, pullulent tant et plus. 

Aujourd’hui, les sollicitations sur les réseaux sociaux, gérées par des algorithmes et/ou l’intelligence artificielle, sont devenues notre quotidien. Et souvent, contribuent à un affaiblissement du débat d’idées, à une polarisation de ce débat et à une explosion de toutes les dérives, aidée par l’anonymat.

Loin de moi, comme journaliste, l’idée de rejeter ces outils aussi fabuleux que puissants — d’une manière générale, je ne crois pas que “c’était mieux avant” - mais c’est justement parce qu’ils sont puissants qu’il faut être préparés à les utiliser au mieux. 

Au Soir, nous sommes souvent obligés, la mort dans l’âme, de supprimer des commentaires en dessous de nos articles (les suppressions ont augmenté de 7 à 13 % depuis le Covid) et même d’interdire la possibilité de commenter certains articles tant le débat n’est pas serein et le point Godwin atteint très vite. 

Ça peut paraître une tarte à la crème, mais c’est à mes yeux une question fondamentale de la démocratie: l’éducation à l’information doit devenir un point central de l’enseignement. Et les médias, évidemment, doivent y participer. Car l’information, non seulement elle a un coût, mais elle est un bien commun nécessaire dans une société qui se respecte.


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