Hommage à Chryso
Il s’appelait Jean-Chrysostome Tshibanda, Chryso pour les intimes, “slameur lushois” pour les initiés. C’est lui, en effet, qui a instauré le slam à Lubumbashi, et peut-être même dans toute la RDC.
Je l’ai rencontré en décembre 2013 au premier (et unique) Salon du livre de Lubumbashi, où j’avais été invitée, et au terme duquel j’ai animé un atelier d’écriture auquel il a participé. Nous sommes ensuite restés en contact, et même si notre rencontre “en présentiel” n’a duré que quelques jours, nous nous considérions tous deux comme de véritables amis, des amis lointains, tellement différents et si proches cependant, lui le Muluba du Kasaï, moi la petite Belge katangaise dans l’âme et pour toujours.
Sur manuscrit, il a relu d’un œil critique et sévère certains des livres que j’ai publiés, et m’a proposé quelquefois des améliorations ou des corrections intéressantes.
C’est un homme que j’admirais, que je respectais, et que j’aimais beaucoup. Dès notre rencontre, j’ai été émerveillée par son talent, son intelligence, sa gentillesse et son humour, sans parler de sa rigueur en orthographe et grammaire françaises… Je l’avais d’ailleurs surnommé “monsieur l’académicien”, ce qui nous faisait rire tous les deux. C’était un slameur, mais aussi un comédien (il a tourné dans quelque films congolais), c’était un poète, un nouvelliste de talent et à certaines occasions un journaliste et chroniqueur, avant de trouver son dernier nid au sein des Presses Universitaires de Lubumbashi.
Il a d’ailleurs publié trois textes dans la revue belge Marginales, tout heureux de cette lointaine reconnaissance de son talent, et il était bien décidé à en proposer d’autres. Je sais qu’il avait travaillé sur le dernier sujet, celui de “Nos ancêtres les Gaulois”, et je regrette de ne pas avoir eu la primeur, comme chaque fois, de son projet.
Il s’en est allé aujourd’hui, “au terme d’une longue maladie” selon l’expression consacrée. Nous sommes restés en contact jusque 3 jours avant la fin. J’ai encore dans l’oreille son rire communicatif.
Adieu, ami Chryso. Tu vas me manquer, tu me manques déjà. Kwaheri ndugu yangu, lala muzuri…