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Drapeau blanc

Nation sur nation

le glaive

plus ne lèvera

et l’art de la guerre

non plus ne s’enseignera

Livre d’Isaïe, 2 : 4


« Russe »

C’est la seule mention qui figure dans la colonne réservée aux observations sur le plus ancien des documents concernant mon grand-père qui sont encore conservés dans les archives de la Police des Étrangers. Il y est présenté comme Arthur Zombeck, né à Noworadomsk, demeurant à Marcinelle.

Russe ? Comme le lait, la roulette ou alors les montagnes russes ? C’était au temps, il est vrai, des Russes blancs et des princes.

Le document indique qu’il fut militaire au 26e Régiment d’Infanterie de l’Armée polonaise du 6 juillet 1919 en 1920. Est-ce possible ? D’après les historiens, l’armée polonaise s’est en effet rétablie après l’indépendance arrachée aux Russes en 1918. Elle s’est rapidement mesurée aux Ukrainiens dès 1918, aux Soviétiques dès 1919 et aux Lituaniens en 1920. Mais les historiens relèveraient cet anachronisme : ce 26e régiment n’a été constitué qu’en novembre 1921, un bon trois mois après le document de Marcinelle. Qu’a réellement fait mon A. Z. de grand-père ? Rien de ceci ne s’est transmis dans la légende familiale, ou alors sous une forme fort altérée. On a répété fidèlement qu’il est né à Radomsko, en Pologne, et confusément que, conscrit arbitrairement, il a échappé à l’enrôlement par la désertion. Il aurait trimardé, vivotant de menus travaux et d’expédients, jusqu’à rejoindre son frère à Bruxelles.

Mais c’est bien à Marcinelle que l’agent de police Odilon R. lui fait signer ce document, qui précise par ailleurs qu’il travaille aux Usines de Glaces de Marchienne-au-Pont au salaire quotidien de 16 francs. Les glaces se sont retrouvées dans notre légende, mais je croyais qu’il s’agissait de crèmes glacées.

Je suis moi-même née à Bruxelles et avant l’âge d’un an, j’ai été Spadoise, Liégeoise, Anversoise et enfin Bruxelloise. Ce n’est pas de lait russe, mais de ce pur condensé de Belgique dont j’ai été allaitée.

Lui, c’est vrai qu’il buvait le thé comme un Russe, brûlant, dans un verre, en l’aspirant par petites lampées à travers un morceau de sucre.

Un siècle plus tard, sur la route de la Mer Morte, la veille d’une visite officielle de Vladimir Poutine, j’ai demandé à un chauffeur de taxi comment la forte immigration russe en Israël avait influencé les relations avec la Russie. « Oh, vous savez, ici on nous appelle les Russes, mais là-bas on était les Juifs. »

Mon grand-père avait deux manières juives de dire qu’il ne savait pas : « ich weiß ! » – je sais – et « es gibt nicht keinen Hartkäse in Rußland » – il n’y a pas de fromage à pâte dure en Russie. Je les retranscris en allemand d’apparat, langue nationale de sept pays dont la Namibie et bien sûr notre Belgique. Mais lui les prononçait avec son accent yiddish moyen-haut-allemand médiéval mâtiné d’hébreu et de slave.

Slave était en effet son nom marcinellois. Bravo au policier qui a rempli la fiche d’avoir proposé une orthographe d’emblée accueillante. Zombeck est une translittération plus proche du polonais ząbek que du russe зубик, qui veulent dire denticule. Si vous me voyez sourire, j’ai moi-même une incisive naine, témoin atavique de cette micro-dent. Cette particularité, je le sais, résulte d’une interférence – héréditaire ou acquise – avec le développement.

Mais si Grand-Papa était resté sur sa terre natale, il en aurait été très différemment. Aurait-il ressenti l’effroi de Guernica le 1er septembre 1939 lorsque la Luftwaffe bombarda Radomsko en Ouvertüre de la drôle de guerre ? Il en aurait peut-être cessé de vivre là. Sinon, deux mois plus tard, il aurait reçu vingt minutes pour préparer sa valise et honorer l’invitation de l’occupant à emménager dans le quartier devenu le ghetto. Aurait-il figuré dans le journal de Miriam Chaszczewacka, l’Anne Franck locale ? Et aurait-il, comme les autres Radomskovites de sa condition, été convoyé du ghetto à Treblinka pour y suffoquer dans une chambre à gaz ? Il n’en a rien fait.

Plutôt que la ruée vers la Belgique, il aurait pu suivre d’entrée les bolcheviques pour œuvrer en URSS à la victoire de la révolution sur la nation. Mais je ne pense pas que ce fût son style. Quoi qu’il en soit, il ne fréquenta jamais le Goulag. Dédaignant, je crois, tant la révolution que la nation, il a marché sur l’ouest. On aurait pu le retrouver à New York ou à Buenos Aires, mais notre légende suggère que son frère avait déjà rallié Bruxelles.

Un Pro Justicia transmis le 4 décembre 1921 au Directeur Général de la Sûreté Publique établit qu’il a quitté Marcinelle sans laisser d’adresse. Je le retrouve enfin à Bruxelles, à la rue de l’Éventail, une impasse au cœur des Marolles. C’est par une ruelle parallèle que je descendais chaque semaine de la rue Haute vers les bains de Bruxelles, où j’ai appris à nager.

Dans le premier document bruxellois, il serait devenu confiseur, se rapprochant de mon glacier mythique… Son nom de famille s’est simplifié en Zombek et la police de Bruxelles a percé à jour son prénom d’origine : il ne s’appelle plus Arthur, mais Abraham – quand même pas Avrum, comme disaient ceux qui ne donnaient à Radomsk ni préfixe ni suffixe.

« Il n’est pas bon que l’homme soit seul » : c’est ce que stipule la Genèse quelques chapitres avant d’introduire son propre personnage d’Abraham. Il a dû la lire à l’école élémentaire de la rue Przedborska. D’après la légende des Zombek, il plaisait à notre Abraham de danser avec les filles. J’ai moi-même l’expérience du Bal National avec le Grand Jojo à la place du Jeu de Balle. Son grand frère s’en affola (de lui, pas de moi) et écrivit à Radomsk qu’on lui envoie une femme du pays pour épousailles. Morale ou sentiment national ? En tout cas, la pétition que rédigea Grand-Papa le 16 décembre 1926, archivée à la Sûreté, était à même de satisfaire l’une comme l’autre. L’en-tête ne fait aucune référence à la confiserie : en lettres bleu outremer, Zombek Frères, Fabrique de maroquinerie fine en tous genres, spécialité de sacs de dames, portefeuilles et porte-monnaie. Le texte lui-même est fondamental pour la constitution de mon trousseau. J’imagine qu’il a copié un modèle courant dans le quartier, mais j’entends son accent au-delà de la calligraphie et des tournures. « Soussignée Zombek Atir [sa manière yiddish de répéter Arthur en français ?] ose demander à son Excellence de bien vouloir lui donner la permission de faire venir sa fiancée la nommée Zachs Rifka née en 1904 en Pologne en vu de mariage. Il est bien entendu que soussigné sera absolument responsable pour sa fiancée et sera très reconnaissant au gouvernement belge, et signe très respectueusement, Zombek Atir »

Le délégué du Ministre de la Justice acquiesce très rapidement et précise qu’il appartient à Grand-Maman d’introduire une demande de visa et de passeport à la Légation de Belgique à Varsovie. Aussitôt dit, aussitôt fait. Rywka Zaks, Polonaise née à Radomsko, institutrice privée, s’inscrit au Bureau des Étrangers de Bruxelles le 2 mars 1927.

Ensuite, tandis que la Grande Dépression accable l’humanité, que les famines emportent Ukrainiens et Chinois par millions, que de grandes nations européennes se rangent avec ferveur sous les fers d’un Duce, d’un Führer ou d’un Caudillo, la surveillance de mes grands-parents se lit comme un carnet rose ponctué de déménagements. On peine à suivre les radiations et déclarations de résidence d’une commune à l’autre de la capitale, entre Saint-Gilles, Anderlecht, Schaerbeek et Bruxelles-Ville. Les naissances, on les devine quand des directeurs d’hôpitaux ont l’honneur de communiquer à la Sûreté les avis d’admission et de sortie d’étranger. Je ne trouve pas contre aucune confirmation du mythe de la crème à la glace. Mon grand-père en a-t-il effectivement vendu aux baigneurs de la plage artificielle de Hofstade ?

Les pièces s’amoncellent… jusqu’à l’ultime document des années 1930 : un cyclostyle dactylographié qui ne paye pas de mine – quand j’en recevais à l’école primaire dans les Marolles, on disait un stencil. Il s’agit d’une formule du Ministère des Affaires Économiques complétée à la main, interrogeant le Ministre en charge de la Sûreté Publique sur les renseignements colligés sur mon grand-père afin de l’aider à considérer une requête de carte de commerçant ambulant. On ne trouve pas la réponse, mais la demande d’une licence de mobilité me paraît absolument prioritaire alors que le monde se referme.

Puis, c’est le silence.

Plus rien. Pendant plus de dix ans.

Il faut attendre le 1er octobre 1948 pour l’avis de départ d’étranger. D’une pierre trois coups, si l’on compte un enfant comme une personne. Avec une ironie qui ne dit pas son nom tant elle ne dit rien du tout, l’avis signale que mes grands-parents et Henri Bernard, le plus jeune de mes oncles, sont rayés d’office des registres de la population. La rubrique « pour se fixer à… rue… N°… » reste blanche. Mon autre oncle n’est pas mentionné. Il faut dire qu’entre sa naissance à la maternité des sœurs de la Charité à la rue Malibran et cet avis d’après-guerre, dix-huit ans se sont déjà écoulés. Mort ou vif, il n’était peut-être pas suffisamment mineur pour bénéficier du regroupement familial sur ce document. Sans doute a-t-il ailleurs un avis de départ pour lui tout seul.

Pas un mot sur la raison du départ ni sur la destination. Par exemple, ils auraient pu – ce n’est pas original – faire le voyage d’Auschwitz en passant par Malines avant que la caserne Dossin devienne un musée et un centre de recherche sur la Shoah et les Droits Humains.

Mais en vertu du principe du tout ou rien, si la moitié de mon patrimoine génétique était parti en fumée par là-bas, vous ne pourriez pas compter sur moi pour conter la légende de ma famille.

Rassurez-vous, j’ai d’autres sources pour l’enluminer que les Archives Générales du Royaume. La carte d’identité de ma maman atteste qu’elle est née à Pau (France) le 16 décembre 1940. Essayons de ne pas trouver cette date suspecte pour ne pas freiner le récit. Admettons que sur trois cent soixante-six jours, il fallait que ce fût à la fois celui de l’anniversaire de sa mère et de la fameuse lettre d’Atir au Ministre. Après tout, l’administration s’est montrée cruellement fiable, même en zone libre. Maman raconte que sa famille a quitté Bruxelles pour Paris dès l’invasion allemande, et a poursuivi sa route vers le Midi. Un médecin se serait pris de sympathie pour Grand-Maman. Non seulement il l’aurait accouchée, à Pau, donc, mais il aurait aussi hébergé les Zombek dans un moulin dont il était propriétaire à Bernac. Et là, j’ai réveillé un conflit. Assise à la même table qu’Oncle Henri (l’Henri Bernard né plus haut) et Maman, sa benjamine de quatre ans, je me suis mis en tête de coucher leurs souvenirs sur papier. Mais qui est titulaire de la mémoire ? Sont-ils allés à Bernac-Debat, comme s’en souvient Maman, ou à Bernac-Dessus, comme le soutient son frère ?

Au dire d’Henri, ils ont pris le train pour Paris le 10 mai – il n’avait pas six ans – et trois mois plus tard vers le sud. Mais le train s’est arrêté, peut-être à Poitiers. Grand-Papa a acheté une charrette à bras et ils ont continué. À Tarbes, ils ont retrouvé son frère. Plus tard, celui-ci a été arrêté et déporté – il est décédé en route, à Drancy. En tout cas, c’est ce qui est consigné dans son dossier. J’ai demandé aux archivistes du Mémorial de la Shoah s’ils en savaient plus. Malheureusement, m’ont-ils prestement répondu, l’information qui figure dans le dossier conservé aux Archives Générales du Royaume est erronée car la date de décès attribuée aux déportés correspond à la date de départ du convoi. L’anticipation ne me semble malheureusement pas si fausse. « En fait, votre grand-oncle a été déporté dans le convoi n° 28 parti du camp de Drancy à destination du camp d’Auschwitz. » C’est à cent vingt kilomètres de Radomsko. C’est là qu’il a été assassiné.

Entre-temps, la famille a été accueillie à Noguères. Un billet manuscrit conservé par Maman souligne le courage engagé du maire : « Le Maire soussigné certifie que M. Zombek Abraham, réfugié à Noguères a durant son séjour dans la commune, fait preuve d’une tenue toujours très correcte, qu’il a su s’attirer l’estime des habitants en leur venant en aide dans les travaux agricoles et qu’en toute occasion il a témoigné des sentiments très loyaux envers la nation française ».

Henri rapporte que ce maire a mis mon grand-père en contact avec celui de Vielle-Adour – il dit Vieille d’Adour – qui possédait un moulin à Bernac-Dessus, gardé par un sourd-muet. Ce détail est-il une métaphore ? Ou une référence inconsciente à Bernardo, le serviteur muet et prétendument sourd du vengeur masqué, le Zorro de mon enfance ? Il se rappelle qu’ils ont d’abord habité dans le centre du village avec une autre famille qui venait de Belgique. Quand la menace s’est renforcée, ils sont montés au moulin, et plus tard les enfants ont été cachés ailleurs – Henri à Tarbes chez les Cassayet. L’autre famille a disparu de l’histoire des vivants.

L’été dernier, après la visite de Lourdes, je suis allée avec mes enfants à Bernac-Dessus, qu’un seul champ joint à Bernac-Debat. J’ai appelé Maman en vidéo pour lui montrer l’air et les pierres et l’endroit du moulin. Puis, nous avons rencontré France, une camarade de classe d’Henri. À la seule évocation du moulin, France s’est rappelée de cette famille de réfugiés, les Zombek et surtout Henri, tous ces noms chéris surgis de sa mémoire – « Une flèche ! Qu’on a rit avec lui ! » Les jours heureux. À l’époque, France a noblement enduré, sans dénoncer Henri, la punition collective de la classe augmentée du châtiment imposé à la maison. Elle nous a montré le mur de l’école sur lequel un chenapan écrivit un jour « Merde pour Madame Laseyer » (leur institutrice). Estimant qu’elle avait le droit de le révéler après quatre-vingts ans, elle nous a appris que c’était Henri. Ensuite, elle nous a décrit comment il menaçait de se servir du revolver qu’il avait volé à un pépé. J’étais très surprise : cette histoire nous est parvenue, embellie par substitution d’un Allemand au vieillard, mais jusqu’à ce que je l’entende de la bouche de France, j’étais persuadée qu’il s’agissait d’une fabrication calomnieuse destinée à prouver qu’« Oncle Henri a toujours été comme ça ». L’antécédent de Herschel Gryszpan, qui révolvérisa le secrétaire de l’ambassade d’Allemagne à Paris pour manifester sa contrariété à l’égard de l’attitude des Nazis envers ses parents, eux aussi originaires de Radomsko, me laisse songeuse…

Bref, après cette guerre, la famille se retrouve indemne à Paris et Maman écrit au Père Noël pour lui demander une trottinette. À la suite d’autres péripéties, les voilà sur le territoire de la toute nouvelle nation israélienne. Quelle cote nationale vaut alors à Grand-Papa l’adoption des sandales, du short kaki à bretelles et du singlet ? L’année suivante, sa fille précise avec plus de minutie à la fois son adresse à Tel Aviv et celle du destinataire : « Père Noël, nuage, magazin de jouets, ciel, France ». À la commande réitérée de la trottinette, qui n’avait sans doute été livrée ni par son père ni par Noël, elle ajoute : « Un livre avec des petites histoires en hébreu me serait très utile quand je voudrais lire et que je conaitrais l’hébreu, ou bien pour apprendre l’hébreux. Mais alors pas un livre trop difficile, parce que si il est trop dur je ne sorais pas le lire. Si j’ai été assez sage dans l’année, mettez les jouets dans le salon à côté de mon lit. »

Quinze-vingt ans plus tard, en ordre dispersé, entre deux guerres existentielles locales, trois générations se retransplantent en Belgique, de mon grand-père à ma grande sœur. Et c’est ici que je fus conçue. « Der Apfel fällt nicht weit vom Baum », pourrait-on dire en contraignant encore Grand-Papa dans une langue apparentée. Mais en fait, attentif aux petites choses, il chantonnait : « דאס עפעלע פאלט ניט וױיט פונם ביימעלע » Dus epele falt nit vayt finem beymele »). La petite pomme ne tombe pas loin du petit arbre. Dans la légende des physiciens, cette observation aida Newton à comprendre la force liée à la gravité. Dans la nôtre, où la gravité côtoie la légèreté et la chance, cela dépend aussi de la longueur que peuvent prendre les branches.

Le dernier acte qui concerne directement Grand-Papa dans son dossier de la Police des Étrangers précise que, « sous statut israélien » et sans profession, il est décédé à Bruxelles, dans la Commune de Jette, le 7 avril 1972 à 19 h 30. Il avait septante-deux ans alors que l’espérance de vie d’un Russe né en 1899 en atteignait à peine vingt-neuf. Renouant avec les fondements de l’anthropologie, contrairement à son père, ses deux frères et ses quatre sœurs tous morts trente ans avant lui, il est enterré. Judicieusement, il repose sous le sol d’une commune à facilités linguistiques et Grand-Maman l’y a rejoint, après avoir été naturalisée. On peut leur rendre visite aux heures d’ouverture et déposer des cailloux sur leur tombe.

Je n’y vais jamais. Les pierres tombales, les mémoriaux, les hymnes et les oriflammes ne me disent rien qui vaille. Pourtant, à l’été de mes quatorze ans, j’ai paradé avec le drapeau noir-jaune-rouge en Floride en tant qu’ambassadrice de la jeunesse belge. « Tu vivras, toujours grande et belle » Et lui, mon grand-père, ni Russe, ni Polonais, l’étranger, le réfugié, le statutaire qui s’émerveillait de me voir manger dans sa grande main et qui tenait précautionneusement ma petite menotte pour me faire découvrir le Jardin Botanique, quel drapeau hisse-t-il ?



azyme – (latin ecclésiastique azymus, du grec ἄζυμος, 

sans levain) pain non fermenté 

consommé comme symbole sacrificiel,

 pain de misère ; 

A. Z. Y-me : Abraham Zombek Why me?

Drapeau blanc

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Belgique
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